Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du grade d'Ingénieur Agronome.

RESUME

La pression démographique et climatique sur des aires protégées en générales et le parc national de la Ruvubu en particulier est une triste réalité au Burundi. Si rien n'est fait, le pire peut arriver, et grave encore, sans qu'on ne s'en aperçoive. La présente étude vient pour établir une situation de référence au PNR, permettant ainsi d'éviter d'être surpris par le drame qui était peut-être évitable.


L'étude a établi un transct permanent de suivi de la dynamique de la végétation. La flore et la végétation ont été analysées le long de ce transect. Cette analyse de 320 espèces identifiées sur 8 différents sites, a été basée sur leurs formes biologiques et leurs situations phytogéographiques. Parmi ces 320 espèces, 20 sont signalées pour la première fois dans ce travail. L'étude a mis en évidence le fait que les perturbations anthropiques et/ou animales expliquent en partie la flore et phytogéographie du parc national de la Ruvubu. Par ailleurs, cette flore met en évidence trois types d'habitats (les savanes, les marais et les galeries forestières) écologiquement et par conséquent floristiquement différentes. Les savanes, dominées par les hémicryptophytes (69,14%) sont de la région soudano-zambézienne (49,8% des espèces) avec des influences orientales à 57,6%. Les espèces largement distribuées sont considérables dans le marais (61,6%), ce qui est relation avec les actions perturbatrices humaines ou animales mises en évidence dans ce travail. La galerie forestière de Rusagara et le marais de Nyongera sont respectivment dominés par les phanérophytes (93,7%) et les géophytes (87,15%) ce qui est explicable par leurs conditions écologiques respectives.

L'analyse de la litière montre une mauvaise corrélation (0,13) avec la surface terrière et une mauvaise décomposition dans les savanes, phénomènes explicables par feux de brousse périodiques. La galerie forestière, qui n'est pas traversée par les feux de brousse donne des quantités considérables de litière soumise à une bonne décomposition.

L'analyse de la densité des peuplements et de la physionomie met en évidence, comme la flore et la phytogéographie que les perturbations athropiques et animales sont une triste réalité dans le parc national de la Ruvubu. Elle permet aussi de catégoriser les habitats du parc national de la Ruvubu.

La présence des termitières dans les savanes (167/ha enmoyenne dans les sites prospectés) témoignent de laprésence de leurs constructeurs, les isoptères. Ils ne sont pas à négliger dans la dynamique des habitats du PNR, du fait que beaucoup de recherches ont prouvé leur importance dans le sol, et par conséquent sur la flore et la végétation. Le présent travail a montré quj'il existe une corrélation négative (-0,44) entre la surface terrière et la densité des termitières.

Pour la première fois, ce travail propose de prendre en considération les mammifères du sous-sol du parc national de la Ruvubu dans le suivi de la dynamique de cette aire protégée.

A la fin du travail, partant sur les résultats exposés, des craintes sont émises quant à l'évolution des habitats du parc national de la Ruvubu, sous la pression de l'un de leur grand ennemi actuel, les feux de brousse tardifs. Un cri d'alarme a été lancé à toutes les parties prenantes pour éviter que le pire arrive.