Thèse de doctorat unique soutenue pour l'obtention du grade de docteur en scciences de l'environnement

Résumé,

Actuellement, les aires protégées et les multiples services qu'elles procurent à l'humanité connaissent un rythme inquiétant de dégradation à travers le monde. En Afrique en général et au Burundi en particulier, ils sont considérablement menacés par une démographie galopante, l'intensification des pressions anthropiques et les effets du changement climatique. De façon conséquente, leur conservation durable requiert une gestion adapative fondée sur l'évaluation périodique des tendances évolutives et l'ajustement continu des objectifs, des outils et des méthodes de gestion. La présente étude, dont l'objectif principal est l'analyse de l'évolution des états de conservation du parc national de la Rusizi sous différents régimes de conservation depuis 1980, répond à cette exigence et constitue une approche innovante de détermination des tendances de conservation basée sur les objectifs de conservation, l'analyse géospatiale et un indice de tendance. Elle est axée sur l'analyse diachronique de l'occupation du sol à partir des images multi-dates Landsat de 1984, 1990 et 2011 (TM),2000 (ETM) et 2015 (OLI-TIRS), des outils de l'écologie du paysage et des données socio-économiques, biophysiques et climatiques. Les résultats obtenus mettent en évidence 9 à 10 classes d'occupation du sol aux évolutions contrastées, selon les années. La matrice du paysage, qui était constituée de la savane arborée en 1984, est co-dominée par la savane arbustive et les zones cultivées en 2015. Entre 1984 et 2015, le parc de la Rusizi a perdu 29,9% de la couverture végétale, la quasi-totalité du couvert ligneux et31,2% des ressources en eau, au profit des zones anthropisées qui se sont étendues de 94,5%. Les périodes sous statut de Réserve ont connu des évolutions positives de faible amplitude et les périodes sous statut de parc, des évolutions négatives de forte amplitude. En définitive, la période d'étude 1984-2015 a enregistré une évolution négative de forte amplitude d'indice de tendance l,(77,-64), 4b) qui est caractérisée par des changements spatiaux sur 77% du parc et un bilan de dégradation de 64%. Ces tendances évolutives s'expriment à travers 6 processus de transformation spatiale qui sont dominés par la création et la suppression des taches. Elles s'expliquent principalement par les défrichements culturaux et les feux de pâturages, une exploitation massive des ressources végétales et une forte variabilité climatique. Les résultats d'analyses montrent que la gouvernance et la gestion participative du parc sont inadaptées et ne permettent pas d'en assurer une conservation durable. Ils apportent des connaissances et des données nouvelles et intéressantes pour l'amélioration du système actuel de gestion.

Mots-clé : Aire protégée, Parc national de la Rusizi, image Landsat, Dynamiques d'occupation du sol, Processus spatial, tendance évolutive, Gestion participative, Burundi