Mémoire effectué et présenté publiquement en vue de l'obtention du diplôme de Master en socio-anthropologie.

RESUME

Ce travail est une étude qui porte sur la syndicalisation et la condition ouvrière au Burundi en
partant d’un cas particulier du syndicat des travailleurs de l’huilerie de palme Savonor de
Rumonge. L’étude part d’un constat. Il s’agit de l’infertilité de l’activité syndicale. Son enjeu
principal est donc d’analyser les raisons à l’origine de cette infertilité au Burundi en général et
au sein de l’huilerie de palme Savonor de Rumonge en particulier.

Le travail étudie les obstacles tant internes qu’externes qui limitent l’efficacité de l’action
syndicale et qui produisent des effets négatifs sur la condition ouvrière. Il y a également les
limites qui émanent des stratégies du patronat pour anéantir le potentiel protestataire du
syndicat. A ces limites qui sont externes au mouvement syndical s’ajoutent les divisions à
l’intérieur des organisations syndicales. Le travail interroge les perceptions et les différentes
attitudes des ouvriers par rapport à leur engagement syndical dans ce contexte. Il revient sur
les stratégies d’adaptation mis en œuvre par les ouvriers face à ce contexte, lesquelles
stratégies renforcent davantage la dispersion de la force ouvrière utile pour pouvoir décrocher
une amélioration de leurs conditions de travail.

Le travail s’inscrit dans une perspective qualitative. Pour collecter le matériau qui nous a aidé
à vérifier nos hypothèses et étayer les résultats de notre recherche, nous avons fait recours à la
recherche documentaire, nous avons fait des observations sur les relations entre ouvriers au
sein de l’usine savonor de Rumonge, nous avons fait recours à des récits de vie, nous avons
mené également des entretiens semi-directifs avec différents acteurs du secteur syndical
notamment les représentants des syndicats dont le représentant du SYTRASA et le chef de
section Rumonge et autres, les représentants des confédérations syndicales, les cadres du
ministère de la fonction publique, du travail et de l’emploi spécifiquement l’inspection du
travail.

En poursuivant cette approche méthodologique, nous sommes arrivés à certains résultats.
Nous avons constaté qu’au sein de l’huilerie de palme Savonor de Rumonge l’action
syndicale n’est pas fertile pour plusieurs raisons : Manque de connaissances sur les modes
d’action syndicale qui s’observe chez les ouvriers du fait que le syndicat dans cette entreprise
est un acte sans fait historique pouvant servir de référence ou de motivation ; la différence des
statuts des ouvriers qui s’observe à travers une catégorisation des ouvriers conduit également
à une divergence par rapport à l’action syndicale. A cela s’ajoute le caractère facultatif
d’adhésion dans le syndicat ; les stratagèmes du patronat qui sont hostiles à l’éclosion d’un
mouvement syndical efficace. Enfin le chômage croissant rassure le patronat sur l’abondance
de la main d’œuvre et par conséquent il n’est pas trop réceptif à la demande formulée par le
syndicat pour une amélioration des conditions de travail des ouvriers. Cette situation de la
précarité de l’emploi fait peur aux ouvriers qu’une fois se lancer dans les revendications avec
l’employeur, ils risquent d’être renvoyés du service et surtout qu’ils ont même des exemples
de leurs collègues renvoyés.

Mots clés : action collective, Burundi, ouvrier, négociation, Syndicat, syndicalisation.